enquête. bouquinistes, librairies spécialisées, vendeurs d'ouvrages rares, et aujourd'hui internet, les textes leur doivent une seconde vie. - l'humanite

enquête. bouquinistes, librairies spécialisées, vendeurs d'ouvrages rares, et aujourd'hui internet, les textes leur doivent une seconde vie. - l'humanite l’humanité in english l’humanité porusski aide ? où trouver l’humanité ? soutenir pourquoi ? comment ? faire un don la diffusion militante société politique international cultures sports médias tribune libre chroniques dossiers fête del’humanité envoyer imprimer cultures - article parule 13 janvier 2000 envoyer à un ami e-mail du 1er destinataire e-mail du 2e  destinataire e-mail du 3e  destinataire e-mail du 4e  destinataire votre e-mail votre nom et prénom y joindre un message veuillez recopier le code, les lettres en majuscule enquête. bouquinistes, librairies spécialisées, vendeurs d'ouvrages rares, et aujourd'hui internet, les textes leur doivent une seconde vie. enquête. bouquinistes, librairies spécialisées, vendeurs d’ouvrages rares, et aujourd’hui internet, les textes leur doivent une seconde vie. le livre d’occasion ou l’occasion de lire autrement première édition numérotée, simple roman déjà lu ou livre d’art à prix réduit, le marché du livre d’occasion se développe. on ne jette pas un livre. sur le trottoir, un numéro de l’univers illustré retraçant le détachement de la légion étrangère à oran lors des affaires de siam côtoie un pragmatique et rutilant je sais faire mes conserves, image par image. l’opposition de style se poursuit en vitrine avec un accrocheur face-à-face entre secrets et merveilles du jeu de dames et cathédrales gothiques : vue de l’extérieur, la librairie joseph trotta présente les joyeux symptômes du bouquinisme à l’ancienne. gérer son commerce " à l’ancienne ", c’est précisément le vou de joseph trotta, venu s’installer il y a cinq ans dans une rue penchée de rouen et voisin logique de la petite épicerie de madame odile en place depuis les années trente. " j’ai trouvé ce local avec une petite cour pour garer ma camionnette et puis j’aime bien l’idée d’habiter au-dessus de la boutique. " la boutique. monstrueuse ou merveilleuse, c’est selon. certains clients, paraît-il, tournent de l’oil devant les colonnes de livres vacillantes, prêtes à flancher au moindre geste malheureux. du sol au plafond, des livres. des tentatives de classement bien sûr, une zone vaguement consacrée au sport, une autre aux bibliothèques vertes mais le maître des lieux confirme la médisante intuition du client : " au niveau du classement, c’est perdu d’avance. " car, en plus de ceux en place, il y a les livres en attente. dans des cartons spontex et banane antillaise empilés au milieu du magasin se dissimulent " toute une bibliothèque trotskiste révolutionnaire que je viens de récupérer ", ou encore " 250 bouquins sur 39-45. À part ça, ils devaient pas aimer la guerre…". le rachat de bibliothèques privées (à l’occasion d’un déménagement ou d’une succession la plupart du temps) constitue en effet le quotidien du métier de bouquiniste et ces rachats massifs, certes à bas prix, offrent en général davantage de pièces invendables que de livres rares. entre l’année du tennis 1986 à 15 francs et un programme d’yves montand au théâtre de l’Étoile en 1958 vendu 10 francs, la question fatale germe rapidement : peut-on vivre d’un tel commerce ? joseph trotta répond calmement : " il faut accepter l’idée de travailler 80 heures par semaine et de gagner la moitié du salaire d’un prof. je dis ça parce que ce sont souvent d’anciens profs qui se lancent dans le livre d’occasion. " concernant le chiffre d’affaires généré par ce type de librairie, il est difficile de généraliser tant le fonctionnement commercial de chaque bouquiniste est singulier. notre ami rouennais a par exemple une conception toute personnelle des affaires : " parfois, je vois des clients passer plus d’un an devant un livre et je sais que ce livre est pour eux mais ils doivent le trouver eux-mêmes…" du bouquinisme humaniste en quelque sorte… plus désintéressé encore, le " bouquinisme-loisir ". passage molière à paris, dans le 3e arrondissement, la très charmante librairie la belle lurette connaît parfois des heures creuses : " certains après-midi, il ne passe vraiment personne. " là n’est visiblement pas l’important pour françois couderc, psychologue de profession et copropriétaire du lieu : " depuis le début, trois ans, ça ne nous a pas rapporté un clou. avec une petite dizaine d’amis, on avait raclé le fond de nos poches et on a ouvert la belle lurette, pour le plaisir d’avoir un petit local. on fait appel à des copains pour tenir la boutique bénévolement quand il y a besoin. " spécialisée dans la poésie (et située à deux pas de la maison de la poésie), la belle lurette a souffert comme tout le quartier de la fermeture du centre pompidou. en attendant de faire fortune, françois couderc va vendre ses livres le samedi au marché brassens et organise dans sa minuscule cave des expositions de peinture et de photographie. gratuites, bien entendu. le commerce du livre d’occasion peut cependant s’avérer bien plus lucratif. deux tactiques pour cela : vendre à bas prix et en grande quantité ou bien en très petite quantité mais cher. la première technique est celle par exemple du fameux magasin joseph gibert, sorte de supermarché du livre d’occasion qui embauche les étudiants désargentés comme vendeurs et ne se déplace pour racheter les bibliothèques qu’à partir de 1 000 livres. l’objectif de rentabilité y est clairement affiché et les boutiques gibert font du livre d’occasion comme elles vendent des disques ou de la papeterie. sans sacralisation du livre aucune, sans état d’âme. la seconde stratégie est devenue l’apanage des " vendeurs par catalogue ". ces libraires souvent sans librairie vendent sur rendez-vous et peuvent se permettre de fonctionner avec une vingtaine de clients seulement. ils s’approvisionnent sur demande, en sachant que tel client recherche par exemple tout sur zola et les prix (éditions originales mais surtout lettres et autographes) peuvent alors s’élever jusqu’à 40 000 francs. ce marché par catalogue interposé a trouvé un prolongement logique dans la vente via internet. certains sites permettent d’accéder de façon directe au catalogue d’un libraire, voire à ceux de plusieurs libraires regroupés sous forme de macro-sites (voir l’encadré " surf en bordure de page "). différences d’état d’esprit, différences de stratégie et d’ambition commerciales, la différence la plus importante d’un bouquiniste à un autre demeure malgré tout celle des genres. chacun son truc. À la librairie rieffel, située 15, rue de l’odéon entre une librairie théâtrale, le coupe-papier, et la librairie monte-cristo spécialisée dans l’ouvre de jules verne, alain delbes explique que sa clientèle vient essentiellement chercher " des ouvrages à caractère documentaire et des romans classiques ". ouverte au début du siècle dans la rue d’adrienne monnier (librairie chère au cour de paul léautaud), la boutique dégage un parfum d’austère tradition et les panneaux " attention aux spots en déplaçant l’échelle. merci " ne parviennent pas à dérider l’atmosphère. la gestion du lieu semble si rigoureuse que l’on ne peut s’empêcher de demander ce qui différencie fondamentalement une telle boutique d’une librairie " normale " quant à l’investissement humain requis : " ce n’est pas du tout la même chose, répond m. delbes, je fais mon métier et je ne m’occupe pas des autres. de toute façon, la librairie existait avant moi…" très bien. À l’opposé, certains lieux se consacrent à l’actualité littéraire la plus brûlante. ainsi, rue des Écoles, l’étonnante librairie m. r propose-t-elle souvent moins d’un mois après leur sortie des ouvrages en parfait état et jouissant d’une remise systématique de 40 %. avec un peu de chance vous aurez peut-être entre les mains un exemplaire dédicacé, la dédicace étant certes adressée à quelque journaliste venu revendre les ouvrages reçus en service de presse. autre domaine à l’honneur dans le marché de l’occasion : la bande dessinée et les revues populaires pour enfants. il existe une dizaine d’enseignes de ce type à paris dont " seulement trois sérieuses " selon roland buret dont la librairie ouverte en 1979 s’est rapidement spécialisée dans la bd. " au début on faisait beaucoup de science-fiction mais, aujourd’hui, ce marché est moribond alors on fait à 70 % de la bd et de la littérature populaire. " les prix vont de 5 à 50 000 francs (la pièce exigeant cette dernière somme est le fameux tintin au pays des soviets en édition originale) avec un grand nombre d’ouvrages oscillant entre 300 et 500 francs : " au niveau des cotes, tout a beaucoup changé en peu de temps. certains livres vendus 120 francs il y a vingt ans sont aujourd’hui à 3 000. " en 1989, roland buret a même organisé à drouot la première vente aux enchères de bandes dessinées de l’histoire. on lui expliquait alors que son idée était absurde car les enfants n’ont pas le droit d’acheter à drouot la librairie buret compte pourtant 7 000 grands enfants dans son fichier de collectionneurs, et prêts à mettre autant d’argent dans une bd précieuse que dans un meuble louis xvi. nombreux sont d’ailleurs les clients prestigieux passés par le passage verdeau : " parmi les collectionneurs les plus mordus, il y a pierre arditi et renaud mais j’ai vu aussi dans la boutique des gens comme sharon stone, demi moore, eddy mitchell ou laurent fabius… chirac aussi est venu, avant d’être président. il cherchait des numéros de la revue le coq hardi qu’il lisait pendant son enfance. il était même membre du " club coq hardi " sous le nom de code bison furieux ! les clients de roland buret sont " à 95 % des collectionneurs et puis quelques simples amateurs nostalgiques en quête d’une madeleine ". collectionneurs ou amateurs, cette dichotomie est récurrente dans les témoignages des libraires d’occasion. la paire étudiant-collectionneur constitue apparemment l’équipe type pour affronter les bouquinistes (excepté sur les quais où les gravures de la tour eiffel peuvent éventuellement attirer les cars de touristes). un marché finalement assez limité mais suffisamment assidu pour assurer la survie de ces attachants et décalés commerces. Être bouquiniste est probablement une vocation, mais en roulant une nouvelle cigarette au fond de sa boutique, joseph trotta résume son métier d’une autre manière : " on ne jette pas un livre, c’est comme ça. " vincent delerm librairie joseph trotta, 148, rue beauvoisine. rouen. la belle lurette, 16, passage molière. paris 3e. librairie rieffel, 15, rue de l’odéon. paris 6e. librairie m. r, 4, rue des Écoles. paris 5e. librairie roland buret, 6, passage verdeau. paris 9e. dans la même rubrique humanité du 13 janvier 2000 Éloge de la fuite comme odyssée majeure chronique littéraire par jean-claude lebrun décès d’un écrivain-marin en suivant ces regards hervé jaouen un souvenir vivant de l’enfance. inquiÉtudes suite À la dÉmission de dominique wallon l’atelier littéraire par jean rouaud les bouquinistes, patrimoine parisien ? sélection albums sélection roman ilia mouromietz et le rossignol brigand surf en bordure de page un premier roman signé olivier adam et une très bonne surprise itou À la recherche du frère perdu le fil rouge interactif -   la newsletter abonnez vous à la lettre de diffusion   annonces emploi alapage.com newspress les rss liens boutique - fonds d'ecrans 10000 cartables pour les enfants palestiniens publicité -   espace privé accueil contact annonceurs aide mentions légales crédits rss plan du site

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