les nouvelles technologies d'aide aux non-voyants et mal-voyants

les nouvelles technologies d'aide aux non-voyants et mal-voyants les nouvelles technologies d'aide aux non-voyants et mal-voyants : introduction gérard guénat-reyrat responsable administratif et financier laboratoire de changement social université paris 7 - denis diderot mes problèmes de vue ont commencé à l'âge de 9 ans, en 1961, où l'on a découvert chez moi une tumeur bénigne située sur l'hypophyse. cette année là, j'ai été opéré deux fois, en mars et septembre où j'ai perdu la vue de l'œil gauche, mais conservé un champ visuel parfait et une acuité de 10/10e de l'œil droit, tout comme après mes opérations de 1968 et 1971. en février 1982, j'ai été opéré pour la cinquième fois et là, au sortir d'un coma profond de 9 jours, j'étais aveugle. j'ai commencé à percevoir la lumière après quelques semaines et je voyais en gris et noir. petit à petit, les couleurs sont revenues et j'ai récupéré un champ visuel restreint dans lequel j'avais 2/10e (cf. schéma 1). en 1985, le 25 décembre, j'ai fait un abcès à l'endroit de ma tumeur, et je suis sorti d'un nouveau coma profond le 3 janvier 1986. j'étais de nouveau aveugle. même scénario qu'en 1982 quant à la récupération de la vue et des couleurs mais, cette fois-ci, j'avais un champ visuel très restreint avec seulement 0, 05/10e, soit 200 fois moins que 10/10e (cf. schéma 2). au cours du premier trimestre 1986, j'ai suivi un traitement en radiothérapie (25 séances de rayons) afin d'éradiquer définitivement cette tumeur. je rappelle que je ne vois plus de l'œil gauche depuis 1961. en 1982, je suis devenu amblyope léger et depuis 1985, je suis amblyope profond. l'amblyopie est une atteinte du nerf optique qui peut avoir plusieurs causes. dans mon cas, il s'agit d'une compression des nerfs optiques par ma tumeur cérébrale. l'amblyopie entraîne une diminution de l'acuité visuelle et une importante modification du champ visuel. à chaque fois que j'ai perdu la vue, ma plus grande préoccupation fut de retravailler, mais pas en apprenant un métier pour non-voyant tel que standardiste par exemple (bien qu'il n'y ait aucune honte ni aucun abaissement à ce travail), mais je voulais reprendre l'emploi que j'occupais à l'université paris 7 - denis diderot. à l'époque, j'étais gestionnaire financier au service technique. je m'étais lancé un défi à moi-même. j'y suis arrivé, grâce à l'aide et à la compréhension de mon chef de service à qui je voudrais rendre hommage ici et à la présidence de l'université qui m'a équipé de l'ordinateur que je désirais. depuis que je suis amblyope profond, je me suis trouvé face à de nouvelles situations. je conduisais ma voiture et cela n'est plus possible, d'où une perte d'autonomie dans les déplacements. la circulation à pied dans la ville ou par les transports en commun est souvent compliquée, voire dangereuse. je dis souvent que " je vis dangereusement ". malgré tout, je ne me plains pas trop car il me reste un " bout " de vue et comme on dit : " au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ". cependant, s'il est possible de s'adapter à un handicap, il est dur de s'y résoudre. un des problèmes qui se pose quand on devient mal-voyant, c'est l'écriture et la lecture. je me suis donc mis à apprendre le braille à l'association valentin haüy, cours particuliers et gratuits. il m'a fallu un an, à raison d'une heure par semaine, pour apprendre le braille intégral. il existe aussi un braille abrégé qui est l'équivalent de la sténo mais qui demande deux à trois ans d'apprentissage. quand on n'a plus lu depuis longtemps, si on n'oublie pas l'orthographe des mots, on en perd " l'image ". c'est une magie de redécouvrir, sous l'index, l'image du mot ; c'est une redécouverte de l'écrit. le braille est à la fois simple et complexe à apprendre car en fait, il faut l'apprendre deux fois, l'une dans le sens de l'écriture, l'autre dans le sens de la lecture. le braille s'écrit sur une grille constituée de six points numérotés dont l'ordre des numéros s'inverse selon qu'on écrive ou qu'on lise. il convient donc afin de bien connaître les lettres, dans un sens comme dans l'autre, d'apprendre la position des points qui les forment sur la grille. en effet, le braille s'écrit de droite à gauche en faisant des creux, la lecture s'effectuant de gauche à droite et on lit des bosses. pour écrire en braille, on utilise une tablette et un poinçon. il en existe divers modèles, en métal ou en plastique et de formats différents, standard ou de poche. il existe également des machines à écrire en braille. dans le braille, on rencontre certaines difficultés car toutes les lettres s'écrivent sur la grille de six points. en braille, les 10 premières lettres de l'alphabet correspondent aux chiffres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 et la lettre j, la dixième de l'alphabet correspond au chiffre 0. par exemple, le mot bec peut aussi être le chiffre 253. comment faire la différence ? en rajoutant devant le chiffre, un symbole qui s'appelle le " numérique ". (cf. schéma 4) on rencontre le même problème avec les majuscules. sur une grille de six points, il est impossible d'écrire une majuscule alors, on utilise un symbole, le " majuscule " que l'on place devant la première lettre du mot. à noter ici, que le " majuscule " sert pour l'initiale du mot comme pour le mot entier. la différence se fait par la position du mot dans la phrase et son contexte. je reprends l'exemple du mot bec, en supposant qu'il s'agisse ici d'un nom propre, celui de monsieur bec. (cf. schéma 5). une autre difficulté se présente dans l'écriture du braille, celle des lettres accentuées. en " noir " (le noir est pour les non-voyants et les mal-voyants tout ce qui est imprimé ou manuscrit), pour prendre l'exemple du e, il y a le e simple, le e accent aigu, le e accent grave, le e accent circonflexe et le e tréma ; ce qui donne : e, é, è, ê, ë. en braille, il est impossible de mettre un accent. il y a donc cinq signes différents pour représenter tous ces e. (cf. schéma 6). on rencontre le même problème avec toutes les lettres accentuées, le " æ " et le " œ ". ce qui fait qu'en braille, il y a 41 signes pour représenter toutes les lettres. il y a également des signes qui représentent toutes les ponctuations ou symboles tel que " § " et les signes mathématiques de base. il y a maintenant de nouvelles façons de lire et d'écrire accessibles aux non-voyants et mal-voyants. les livres enregistrés sur cassettes audio reproduisent les versions intégrales des mêmes livres en " noir ". on en trouve dans les librairies et les rayons livres des grands magasins. ils sont souvent enregistrés par des acteurs de théâtre, voire par l'auteur lui-même. il existe aussi au sein des associations pour non-voyants et mal-voyants des bibliothèques de livres " audio ". ces bibliothèques sont parfois gratuites ; l'envoi des livres au domicile est gratuit et le renvoi aux bibliothèques se fait sous franchise postale. ces livres sont lus par des prêteurs de voix et sont également souvent bien enregistrés. il y a parfois des imperfections dues au matériel servant à l'enregistrement et au fait que ces cassettes circulent beaucoup, ne sont pas toujours bien traitées et reviennent en mauvais état, sans que le lecteur ait mis une indication sur la cassette défectueuse comme cela est demandé par les bibliothèques afin qu'elles puissent les réparer à leur retour. je voudrais remercier ici les prêteurs de voix qui font un travail admirable car je sais combien il est difficile et fatigant d'enregistrer à voix haute tout en lisant. ces bibliothèques offrent un autre service. elles peuvent vous enregistrer un livre qui ne figure pas dans leur collection si vous le fournissez en livre de poche et achetez les cassettes vierges nécessaires à son enregistrement. maintenant l'informatique apporte une aide efficace aux handicapés de la vue, dans l'écriture et dans la lecture. en écriture, il existe des logiciels de traitement de texte à synthèse vocale. ces logiciels offrent un " écho clavier ", répétition du mot qui vient d'être tapé et une relecture partielle ou intégrale du document. monsieur gérard uzan, amblyope profond, est l'auteur d'un tel logiciel, qui fonctionne sur les macintosh. je fus mis en relation avec lui par apple france. j'étais à la recherche d'un tel logiciel car il en existait pour les compatibles pc mais pas pour les macintosh. j'ai participé, modestement et pendant quelque temps à la mise au point de ce logiciel en tant qu'utilisateur-testeur. ce logiciel " francophonème " a beaucoup évolué et permet même la mise en page. une fois le texte tapé à l'aide d'un tel logiciel, on peut l'imprimer sur une imprimante classique (jet d'encre ou laser) ou sur une imprimante braille, ce qui offre la possibilité à des non-voyants de communiquer entre eux plus facilement. grâce à l'informatique, la lecture devient également plus aisée. équipé d'un scanner et d'un logiciel de traitement de texte à synthèse vocale, on peut numériser un texte (à condition bien sûr qu'il ne soit pas manuscrit) et le faire lire par l'ordinateur. francophonème dispose d'une fonction intégrée qui permet de lancer directement la numérisation d'un document et de le faire lire aussitôt. on n'arrête pas le progrès ! le cd-rom apporte aussi des possibilités nouvelles. la lecture de livres enregistrés sur ce support commence à faire son apparition et offre la qualité du son numérique. avec les cd-rom, les mal-voyants disposant d'un ordinateur équipé d'un zoom permettant d'agrandir l'écran (tel que close view disponible gratuitement sur les macintosh et permettant un agrandissement jusqu'à 16 fois, quel que soit le logiciel en service), peuvent accéder aux dictionnaires encyclopédiques, ce qui offre la possibilité d'être autonome pour consulter un dictionnaire, d'avoir accès à des cartes de géographie et des graphiques qui sont parfois animés et sonores, aux ouvrages tel que le fameux cd-rom consacré au musée du louvre. les non-voyants et les mal-voyants sont confrontés à d'autres problèmes : les déplacements à pied et par les transports en commun dans les villes. les responsables des services d'urbanisme et les concepteurs de mobilier urbain ne se rendent pas souvent compte des difficultés qu'ils occasionnent. un exemple est constitué par les bornes en ciment pour empêcher les voitures de se garer sur les trottoirs. parfois la canne blanche passe au-dessus de la borne mais le non-voyant passe par-dessus et tombe du côté trottoir ou du côté rue, au risque de se faire écraser par un véhicule. si la canne blanche permet de tâter le sol, elle ne permet pas d'éviter les obstacles à hauteur de tête : panneaux d'affichages, panneaux " porte-menu " des restaurants, etc. quant aux transports en commun, dont l'handicapé visuel est dépendant, les repères qu'il adopte dans ses déplacements quotidiens lui permettent de savoir où il est. c'est une toute autre affaire quand il doit emprunter un trajet inhabituel. impossible de lire les panneaux de direction dans les couloirs de métro, impossible de lire le nom des stations, une vraie " galère ". sur certaines lignes de bus, le nom des stations est annoncé à l'approche de celles-ci. pourquoi ne pas en faire autant dans le métro ? il paraît, d'après une enquête menée auprès des usagers, que cela gênerait certaines personnes à cause de la " nuisance sonore " occasionnée. bon exemple de solidarité ! mais les choses bougent là aussi. une société lyonnaise, f.l.d.p. a mis au point un système nommé e.o. guidage (le nom e.o. guidage vient du mouvement de balayage de la canne blanche, appelé est-ouest). ce système fonctionne sur une longueur d'onde, la même pour tout le territoire national, et qui permet aux non-voyants et aux mal-voyants équipés du boîtier e.o. guidage (boîtier très léger, petit et peu cher, environ 149 francs) de recevoir des messages tel que l'annonce du nom d'une rue et de la position du feu tricolore pour les piétons (exemple " avenue de paris, feu vert pour les piétons "). plus d'une trentaine de villes sont soit équipées, soit en cours d'équipement pour les traversées de rues ou les transports en commun. la r. a. t. p. va tester ce système à la station étoile. là, e.o. guidage indiquera, entre autres, les directions de chaque couloir de correspondance. mais je laisse ici la parole à gérard uzan que je remercie d'avoir accepté de venir faire une démonstration de francophonème et de l'expliquer mieux que je n'aurais su le faire. je laisserai ensuite la parole à gilles rochon, de la société f.l.d.p., qui m'a fait le plaisir de venir de lyon pour nous faire une démonstration d'e.o. guidage en installant un feu tricolore, dans la salle où nous étions, ce qui nous a permis de tester " grandeur nature " une traversée de rue. il nous a montré d'autres produits de sa société tel que des plans tactiles sonores utilisables aussi bien par les bien-voyants que par les non-voyants.

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