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cameroun : les non voyants ont leur cybercafé
un centre informatique a été inauguré le 24 novembre 2005 à yaoundé. son objectif est de permettre aux non-voyants de maîtriser l’ordinateur et internet.
l’assemblée est émerveillée et cela se voit à ces visages souriants, à ces " oh ", " ah " de surprise que certains ne retiennent pas. " c’est absolument fantastique de voir comment il se débrouille alors qu’il est handicapé. c’est une gifle pour nous qui pensons être supérieurs à ceux qui ont des déficiences physiques ", s’écrie patricia pondi, membre d’une association d’aide aux handicapés.
oracle business intelligence
les manoeuvres de daniel tiomo, le moniteur, suscitent en effet l’admiration de la délégation emmenée par le ministre des affaires sociales, catherine bakang mbock. l’ancienne salle de musique du collège la retraite de yaoundé, transformée en centre informatique, est petite et contient à peine toutes les personnes qui veulent assister à la démonstration.
sur l’un des deux ordinateurs à "écran plat" installés dans la pièce, les doigts du jeune homme se baladent avec aisance sur le clavier alors qu’il navigue sur le net. sans ses lunettes noires, son attitude quelque peu rigide et cette voix qui s’élève de la machine pour donner des indications à chaque fois qu’il touche le clavier, daniel passerait pour un simple néophyte découvrant l’utilisation de l’ordinateur. ce qui n’est pas le cas. daniel est un non-voyant et son aisance devant l’ordinateur a pris une autre dimension pour les personnes présentes, hier, à l’ouverture du centre de formation en informatique des non voyantes et déficients visuels au collège de la retraite.
la démarche hésitante, une canne blanche à la main et un sourire quelque peu crispé aux lèvres, ils passent difficilement inaperçus dans l’enceinte du collège. le regard caché derrière des lunettes noires, on devine difficilement ce qu’ils pensent mais on imagine qu’ils sont heureux d’être là. c’est du moins le cas des neuf non-voyants, étudiants pour la plupart.
voix
ils ont reçu chacun, des mains de l’ambassadeur de france, françois valette, un ordinateur portable. " c’est l’occasion de vulgariser et de nationaliser l’usage des technologies de l’information et de permettre aux non voyants de se cultiver et de mieux organiser leur temps", espère paul tezanou, président de l’association nationale des aveugles du cameroun (anac). pourtant, ces machines n’ont rien de spécial à première vue : le clavier est celui que tout le monde utilise au quotidien et il ne comporte aucune indication en braille. la spécificité de cet ordinateur est qu’il est doté d’un logiciel de synthèse vocal (le logiciel jaws) qui permet aux non voyants de savoir exactement ce qui s’affiche à l’écran. une voix féminine suave indique, en effet, chaque manoeuvre que vient d’effectuer le non voyant. " nous sommes guidés par cette voix puisque le clavier a des caractères normaux. nous mémorisons la disposition du clavier, ce qui fait que nous savons exactement où se trouve n’importe quelle touche. la voix nous guide et confirme nos choix ", explique daniel tiomo.
en plus des deux ordinateurs offerts au nouveau centre, un scanner, une imprimante et une imprimante en braille ont également été donnés par l’ambassade de france et l’association française valentin haüy (avh), la plus importante association de non voyants français. ces dons sont le fruit d’une coopération entre l’association française et l’anac. " notre association s’était fixée pour objectif d’implanter à yaoundé, une cellule de formation à l’informatique adaptée aux déficients visuels", raconte mme françoise madray-lesigne, secrétaire générale de l’avh.
une aubaine pour les non voyants qui ne cachent pas leur joie. c’est le cas d’alain abena tsoungui qui a suivi le stage organisé l’an passé par l’avh : " l’informatique adaptée change tout pour nous. je ne pouvais pas lire un livre tout seul sans l’aide de quelqu’un, mais désormais je peux le scanner et la machine le lira pour moi ".
cathérine bakang mbock, pour sa part, n’a pas manqué de souligner l’importance de l’évènement : " il faut multiplier ce genre d’initiative et apporter des réponses concrètes aux problèmes des aveugles. il faut leur faciliter l’accès aux tic pour leur épanouissement et quand je les regarde, je me rends compte à quel point ils sont si peu différents de nous ". dans cette optique, le ministère des affaires sociales a lancé un projet de recrutement des personnes aveugles en tant que temporaires dans les administrations camerounaises. car, comme l’a rappelé mme françoise madray-lesigne, " aucune différence physique ou de peau ne justifie l’exclusion d’un être humain et il y a de la place sur cette terre pour tous les hommes "
auteur : josiane r. matia
date : 25 novembre 2005
source : le quotidien mutations
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