les nouvelles technologies d'aide aux non-voyants et mal-voyants

les nouvelles technologies d'aide aux non-voyants et mal-voyants les nouvelles technologies d'aide aux non-voyants et mal-voyants : iii. aide technique au déplacement et à l'information des personnes aveugles ou amblyopes gilles rochon concepteur o.e. guidage nous sommes, lors d'une première rencontre avec une personne privée de la vue, embarrassés pour communiquer. en effet, les gestes que nous faisons pour, traditionnellement, indiquer une direction " c'est par là ", en montrant du doigt et tournant le regard, les mimiques de notre visage pour exprimer un sentiment sont sans effet : nous avons l'impression d'être en terre étrangère et ne parlant pas la langue en usage. " l'aveugle est un homme comme les autres à cette différence près qu'il ne voit pas ". rappelons tout d'abord qu'une personne peut être aveugle de naissance (acuité de moins de 1/20 au meilleur śil après correction) ou avoir perdu la vue en cours de vie. elle peut encore être amblyope (acuité comprise entre 4/10 et 1/20 après correction) et disposer d'un champ de vision central ou périphérique. la diversité des situations de déficience visuelle fait adopter aux usagers lors de leurs déplacements des stratégies variées. disposer ou non de restes visuels conduit en effet à compenser le déficit de vision par l'audition. fermons un instant les yeux, des bruits inattendus apparaissent celui d'une fontaine, d'un flot de véhicules, l'écho d'un pas sur le pavé : notre environnement est visuel et sonore. l'audition est la clef de l'accessibilité pour une personne déficiente visuelle. la recherche des informations nécessaires au cheminement est faite par l'oreille et le cerveau qui extrait de l'environnement sonore ce qui lui est nécessaire pour guider la marche. l'aide technique e.o. guidage elle se compose de modules électroniques complétant les éléments de guidage actif, passif et artificiel déjà disponibles dans l'environnement, ainsi que de plans expliquant l'organisation de l'espace. - l'aide électronique des balises placées aux endroits stratégiques délivrent des messages vocaux, en son numérique, que l'usager déclenche à l'aide d'une télécommande radio de la taille d'une petite boîte d'allumettes. l'application la plus développée, dans quarante-cinq villes en france, concerne la sécurité. intégrés dans les visuels piétons, les récepteurs à puce délivrent, lorsqu'ils sont interrogés, le nom de la rue traversée ainsi que la couleur du feu piétons. dans les vastes espaces ou bâtiments publics comportant une ambiance sonore saturée, un chant d'oiseau précède le message vocal. il permet à l'usager de localiser la présence d'une balise par un son plus aigu et de recevoir le contenu de l'information lorsqu'il s'en approche. ainsi dans les gares sncf de lyon perrache et lyon part-dieu, les balises marquent l'entrée de la gare et les accès aux différents quais. - les plans tactiles c'est à l'occasion de l'installation du système e.o. guidage en gare de lyon part-dieu, que claude décoret, responsable aveugle de la mission handicap de lyon i, a souhaité que l'on réfléchisse à un mode de lecture tactile pour représenter l'environnement aux personnes déficientes visuelles. en effet, si les balises permettent de se situer et de prendre la décision de s'engager sur tel ou tel quai, elles ne sont pas suffisantes pour former une représentation mentale précise de l'espace. l'étude a porté sur le contenu de l'information à transmettre mais également sur les discriminations tactiles. les plans décrits (figure 1), sont de format international, imprimés en noir gros caractères sur une face et en relief et braille de l'autre. le premier représente la forme générale de la gare, on circule dans les parties claires, le bâti est représenté en noir. le second plan précise l'emplacement des balises sonores, le cheminement est indiqué par un trait noir correspondant à une différence de rugosité du sol. le troisième plan précise l'emplacement des services disponibles aux usagers de la gare. dans ce schéma, aucune confusion n'est possible entre le bâti, l'itinéraire, les balises sonores et les informations en braille. disposés dans les associations et institutions spécialisées de la région lyonnaise, ces trois plans proposent une décomposition de l'espace par thème en concentrant l'information sur l'accessibilité physique et sur les services. c'est ainsi qu'avec certitude un usager peut dire : " c'est face à la balise cd que se situe l'escalator d'accès au quai " ou " mon bureau de tabac se trouve à droite entre la balise ab et la balise cd ". à l'école de déficients visuels de villeurbanne, les jeunes élèves étudient le plan avec l'instructrice de locomotion puis se rendent sur place, validant la représentation mentale qu'ils ont de l'espace en actionnant les balises lors de leur déplacement. cette stratégie de déplacement propose à l'usager de se rendre maître de l'espace en naviguant avec sécurité, d'une balise à une autre, dans une ambiance sonore saturée. " une référence auditive fixe améliore la vitesse et la souplesse de la marche ". d'autres informations viennent compléter l'élaboration de la carte cognitive, telles que l'odeur de la briocherie, le bruit du composteur, ou la différence de rugosité du sol. le passage de lecture du plan à l'acte du déplacement dans l'espace tridimensionnel fait appel pour le premier à un " système tactile de référence égocentré qui fonctionne d'autant que le sujet est immobile et pour le second, à un système exocentré dans lequel l'usager recompose en permanence le dessin en fonction de la position qu'il occupe dans l'espace ". - les codes : si l'organisation des symboles utilisés est indispensable à une bonne lecture tactile, deux indices supplémentaires sont intégrés dans les plans pour faciliter le transfert de modalité sensorielle : ce sont l'échelle et l'orientation. - l'échelle : 1 cm =… mètres, le cm correspondant à un double point braille est une unité de valeur intériorisée par l'acquisition de celui-ci. il devient un étalon. chacun peut faire une évaluation individuelle de ce mètre pour estimer la taille des représentations décrites. l'échelle conditionne la représentation : il serait en effet inopérant de décrire un détail à une grande échelle dont la lecture par la pulpe de l'index ne permettrait pas la discrimination tactile. - l'orientation nord/sud permet à l'usager de conserver le cap lors de la lecture d'un plan général à un plan de détail et d'actualiser sa position lors de ses différents déplacements. - " les conceptions tactiles ne peuvent être utilisées que dans l'environnement haptique de l'individu. le toucher seul enferme dans une bulle réduite aux limites de son propre corps ". les travaux d'alain berthoz ont également mis en évidence le sens vestibulaire, montrant que l'on peut parcourir un trajet exact sans indice visuel, ni auditif, ni proprioceptif, grâce aux capteurs logés dans l'oreille interne qui calculent les déplacements du corps d'après la position de la tête dans l'espace. l'accessibilité de l'université d'aix-en-provence marseille 1 interrogés en mars 1995 par le suio d'aix-en-provence marseille 1 pour rendre l'université accessible aux étudiants déficients visuels, nous avons recensé les difficultés comme suit : 1. situer l'université dans la ville ; 2. situer à l'intérieur de l'université les différents accès ; 3. disposer à chaque arrivée d'ascenseurs d'informations précisant l'étage et permettant l'orientation vers les différents couloirs menant aux salles de cours. les représentations tactiles ont été regroupées dans un dossier individuel d'accessibilité. il est composé d'un texte braille et noir gros caractères et de plans tactiles relief braille et noirs gros caractères. une cassette audio accompagne ce document pour les personnes qui ne lisent pas le braille. ce document décrit le dispositif d'accueil des étudiants handicapés ainsi que les transports en commun utiles. un plan général (figure 2) situe l'université dans la ville d'aix-en-provence ainsi que quatorze autres points utiles aux étudiants (gares sncf et routière, rectorat, restaurant universitaire, etc.). ce plan est réalisé à l'échelle 1 cm = 50 mètres permettant une évaluation individuelle. le second plan agrandi à l'échelle 1 cm = 15 mètres reprend les contours et la forme de l'université en précisant les accès. pour réaliser la description des différents niveaux de l'université, nous avons dessiné les espaces de circulation intérieurs (halls, couloirs, escaliers, ascenseurs) et situé par rapport à eux les lieux devant être identifiés par les étudiants. six plans détaillent ainsi chaque étage à une échelle de 1 cm = 7,5 mètres. vingt balises ont été disposées aux endroits stratégiques : au rez-de-chaussée, une balise marque chacun des accès, à l'intérieur des espaces de circulation verticale et horizontale ; à chaque étage, une balise indique à la hauteur de chaque ascenseur l'orientation et décrit vocalement les numéros de salle et service dans chaque couloir. cette réalisation profite directement aux étudiants de l'université depuis la rentrée 1996-1997, mais permet également aux étudiants et professeurs déficients visuels qui auraient à s'y rendre, à l'occasion d'un colloque par exemple, de disposer des éléments d'information indispensables au déplacement, par le simple envoi du document individuel d'accessibilité. conclusion gommer la situation handicapante d'un usager, partiellement ou totalement privé de la vue, dans ses déplacements, conduit à mettre en valeur l'ensemble des modalités sensorielles dont nous disposons, et à détailler le schéma décision, information et actualisation. être aveugle dans un monde essentiellement visuel veut dire ressentir, analyser, comprendre et agir différemment. les aménagements urbains intégrant cette réflexion profitent à l'ensemble des usagers tout en participant à l'intégration, par une meilleure autonomie, des personnes déficientes visuelles. 

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